
Depuis toujours, les Suissesses et les Suisses cultivent de préférence leurs propres traditions locales – et accordent de cette manière au pays une énorme richesse en manifestations culturelles et traditions vivantes.
« La Suisse n’existe pas » – c’est avec cette phrase clé que la Suisse s’est présentée à l’exposition universelle de Séville en 1992. Car ce n’est pas l’unité, mais la diversité sur une toute petite surface qui distingue la Suisse. Et cela s’explique culturellement et géographiquement : dans ce petit pays, on parle quatre langues nationales auxquelles s’ajoutent de nombreux dialectes. En outre, la culture dans les montagnes et celle du Plateau se différencient depuis toujours, la vie en montagne étant totalement différente que dans une grande ville. Ainsi il y a peu de coutumes nationales face aux nombreuses traditions régionales. Mais au fil du temps et avec le développement du tourisme, certaines coutumes locales sont connues en-dehors de leur région d’origine.
Cor des Alpes– sur les traces des sons naturels.
Au cours de l’histoire, le cor des Alpes a pratiquement été réduit au silence en tant qu’instrument des vachers. Ce n’est qu’avec le romantisme au 19e siècle, le renouveau du folklore et le développement du tourisme que le cor des Alpes a connu une véritable renaissance – et est même devenu symbole national.
Communication avec l’Homme et l’animal
Le cor des Alpes a longtemps été un outil pour les vachers. Il servait à appeler les vaches pour les ramener des prés à l’étable, quand c’était l’heure de la traite. Sur une gravure de 1754, on voit comment un vacher se sert du cor des Alpes pour inciter ses vaches à escalader la dernière pente raide qui mène à l’alpage. Une peinture sur verre de l’Emmental remontant à 1595 montre un vacher qui souffle dans son cor des Alpes pour calmer les vaches pendant la traite . Le jeu du cor des Alpes au crépuscule constitue également un thème traditionnel dans l’art. Faisant office de prière du soir, il se pratiquait surtout dans les cantons réformés, alors que les cantons catholiques germanophones de Suisse centrale y recouraient plutôt pour rassembler les fidèles. Mais la fonction principale du cor des Alpes était d’assurer la communication avec les vachers des alpes voisines et les gens de la vallée.
De l’ombre au symbole national
Alors qu’au fil du temps la fabrication du fromage se délocalisait de plus en plus de l’alpe aux laiteries des villages, le cor des Alpes se fit de plus en plus rare après 1800. Alors qu’on ne l’entendait presque plus lors de fêtes traditionnelles, le Bernois Schultheiss Niklaus von Mülinen fit fabriquer des cors des Alpes à Grindelwald dans les années 1820 et les offrit à des sonneurs expérimentés. Bien que le cor des Alpes ait plus ou moins perdu sa fonction originelle en montagne, il conquit en revanche le cœur des auditeurs en tant qu’instrument de musique et devint ainsi une attraction touristique et un symbole de la Suisse.